Le panda géant menacé notamment par les « fleurs du mal » – CHINE

La floraison grégaire du bambou, un phénomène qui demeure à ce jour un mystère, constitue une menace pour le « trésor » national de la Chine. Que faire?

Par Francine Saint-Laurent
19 mai 2017

Bien que le panda géant soit passé, depuis 2016, du statut d’espèce « en danger » d’extinction à celui de « vulnérable » sur la liste de l’UICN*, la bataille est loin d’être gagnée pour notre ours bicolore. Le réchauffement climatique qui menace les forêts de bambou pourrait le conduire à sa perte. S’il est vrai que cet ours le plus connu du monde peut manger à l’occasion des œufs, des insectes ou des carcasses abandonnées, ces éléments ne sont pour lui que de simples hors d’oeuvres, le bambou demeure son plat de résistance; selon les périodes de l’année, celui-ci peut en consommer 10, 20, 30 kilos ou plus par jour pour subvenir à ses besoins.

Une plante qui se fait belle avant de se « suicider »

Or, le bambou possède un cycle de floraison inhabituel. En effet, les fleurs du bambou se reproduisent tous les 30, 60, 80, voire 120 ans selon les espèces. Cette floraison espacée de plusieurs dizaines d’années oblige la plante à s’adapter aux changements climatiques. Ce qui vient empirer les choses, c’est qu’il existe des variétés de cette graminée géante (qui fait partie de la même famille que le maïs et le blé) qui sont en quelque sorte « suicidaires », car une fois qu’elles ont fleuri et produit des graines, elles meurent. Un autre fait troublant : ces bambous peuvent aussi fleurir en même temps. Or, cette floraison grégaire entraîne un dépérissement de la presque totalité de la forêt de bambous, nourriture essentielle au panda géant.

Source : Subbotina Anna

Une floraison maléfique

Puisqu’un malheur n’arrive jamais seul, les milliers de graines sur le sol provenant de milliers de plantes agonisantes, lesquelles sont essentielles à la régénération de la forêt, font souvent le délice des rongeurs. Dans certains pays comme l’Inde, cette floraison grégaire est le présage de catastrophes qui ont des effets maléfiques, car elle favorise notamment la multiplication effarante de rats qui, par la suite, vont s’attaquer aux récoltes, provoquant ainsi la famine.

La mort de 138 pandas géants

Cette floraison grégaire a aussi de très graves conséquences sur le panda géant. À titre d’exemple, après une floraison en masse en 1976, deux des principales espèces de bambou de la province chinoise du Sichuan périssent. Privés de leur nourriture, 138 pandas géants trouvent la mort. C’est énorme, quand on sait qu’il existe moins de 2 000 pandas géants sauvages dans le monde, lesquels vivent exclusivement en Chine (75 % des pandas géants se retrouvent d’ailleurs dans la province du Sichuan).

Le véritable problème est la fragmentation de son territoire

Bien sûr, lorsque la floraison du bambou a lieu, le panda géant peut toujours se tourner vers d’autres espèces de bambous ou encore changer de territoire. La véritable menace pour cet animal réside dans la fragmentation de son territoire en raison du déboisement et de la construction des routes qui lui coupent l’accès à des forêts où il pourrait trouver d’autres sources d’alimentation.

Des solutions pour protéger le panda géant

À l’heure actuelle, la Chine et des chercheurs étrangers explorent différentes pistes pour éviter que les efforts réalisés au cours de ces dernières années soient anéantis. Ils ont cueilli différentes espèces de bambou dans diverses forêts pour les apporter au Centre de recherche sur le panda géant de Chengdu. Les pandas géants en captivité ont participé à un « atelier de dégustation », où ils ont eu le loisir de goûter à de nouvelles feuilles tendres auxquelles ils n’étaient pas habitués. Les variétés de bambou qui ont fait le bonheur de nos ours ont été introduites dans la forêt du Centre pour récréer un écosystème varié de façon à éviter la disparition presque complète d’une forêt de bambous. Aussi, le réchauffement climatique pourrait pousser les pandas géants sauvages à se déplacer plus au nord pour retrouver des conditions similaires à celles de l’habitat qu’ils occupent actuellement. Une des solutions proposées serait de planter du bambou dans des régions plus nordiques et à des altitudes plus élevées pour ainsi favoriser la conservation de notre animal.

Pour conclure

Même si le changement de statut du panda géant est un pas dans la bonne direction, la situation de cet animal demeure préoccupante. Les activités humaines et des phénomènes naturels continuent à poser une menace pour l’espèce. Pour ces raisons, le panda géant va demeurer un animal dépendant des programmes de conservation.

VIDÉO :
Apprenez-en davantage sur l’un des plus grands mystères du monde végétal : la floraison grégaire du bambou.


Le bambou une plante mystérieuse 1/3 par nature-boy-79

À LIRE :
http://www.liberation.fr/terre/2003/12/23/l-inde-craint-le-coup-de-bambou_456265

* UICN : Union internationale pour la conservation de la nature

Laissez-nous vos commentaires

Cet espace est le vôtre, n’hésitez pas à nous laisser vos remarques, commentaires ou suggestions.
Veuillez entrer vos commentaires
Veuillez entrer votre nom